3 –L’apparition ici et là, voire la multiplication, dans le Sud de la France, de ces « lieux à vivre » a correspondu à un phénomène social qui s’est ensuite efforcé de se formaliser. On rappellera pour mémoire qu’avant les « lieux à vivre », l’association VCM avait invité et mis en œuvre plusieurs CASEL (Contrats d’Action Solidaires et Economiques Locales) qui associaient, dans un partenariat large et original, sur un territoire déterminé, l’ensemble des acteurs concernés par des démarches d’action sociale coordonnée et souvent innovante. Le maillage territorial de VCM (qui, pendant 20 ans et jusqu‘en 2016, a rassemblé plus d’une centaine d’associations porteuses d’initiatives solidaires locales) a permis le repérage des « lieux à vivre » et a conduit VCM, lors d’un comité de pilotage, à interpeller, en 2002, les pouvoirs publics (DRASS PACA) pour la constitution d’un groupe de travail spécifique.
En parallèle, le comité éthique de VCM a engagé une réflexion sur une charte des « lieux à vivre ».
4 –Depuis 2002, le groupe de travail a poursuivi sa réflexion, à partir de réunions foraines (4 à 5 réunions par an) en alternance dans chacun des « lieux à vivre », ce qui permet à chaque participant d’apprécier concrètement sur le terrain le fonctionnement réel de chaque structure. Ces réunions, très conviviales (partage des repas avec les résidents du lieu où se déroule la réunion, visites sur le terrain et découverte des différentes activités développées, etc.) s’organisent en présence et avec la participation active des personnes accueillies dans le lieu de réunion, avec les représentants des autres « lieux à vivre ». Une dizaine de LAV participent, en moyenne, à ces réunions.
Les travaux du groupe portent généralement sur des problèmes communs à tous les « lieux à vivre » : la clarification des pratiques, la réalité et les caractéristiques des lieux et des personnes, l’actualité sociale, l’évolution des publics accueillis, les activités développées et les projets en cours, la participation financière (ou sous d’autres formes) des personnes accueillies et leur rémunération éventuelle, les rapports avec les institutions et instances officielles, les parcours de vie…
Ces réunions ont régulièrement fait l’objet de comptes-rendus qui permettent d’apprécier la richesse des échanges faits en totale confiance et transparence. C’est ce qui a, peu à peu, permis l’élaboration implicite puis explicite d’une grille d’analyse et d’évaluation des pratiques (voir par ailleurs).
De ces échanges, on peut retenir quelques constantes, préoccupations, interrogations et réflexions communes à tous les « lieux à vivre ». Par exemple :
* les interrogations récurrentes sur le « statut » des personnes accueillies ;
* les problèmes nés de la distinction bénévoles/professionnels, ou encore de celle entre espace public et espace privé ;
* les questions de la protection sociale des résidents : activité/travail, couverture sociale d’éventuels accidents ; droits à la retraite des personnes en « activité » sur le lieu ;
* la précarité des financements, quand ils existent, et les inquiétudes autour de leur pérennisation ;
* les problèmes de santé des personnes accueillies (santé psychique, maladie alcoolique, addictions…) ;
* les recherches d’accès à la citoyenneté, la position des personnes et des structures par rapport au pacte républicain…